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France Stratégie a mené une étude des transitions professionnelles des actifs sur le marché de l’emploi au cours des dix dernières années.
Cette analyse porte sur les transitions de l’emploi vers le chômage par métiers et par types de contrat et fait ressortir que la fréquence des passages par le chômage a augmenté tandis que les contrats à durée limitée sont plus nombreux et plus courts.
Un marché de l’emploi inégal suivant les profils
Les résultats montrent qu’il y a un changement profond dans les modes de gestion de la main-d’œuvre, avec le risque de fragiliser une partie des actifs, et ce rapport relève que le marché du travail français fonctionne à deux vitesses avec une partie des actifs qui se trouve en situation d’instabilité récurrente, principalement les jeunes et les salariés les moins qualifiés.
Ainsi, la question du CDI en tant que norme en matière de contrat de travail se pose. Et la réponse est ambivalente. En effet, ce type de contrat reste la norme avec une mesure en stock, c’est-à-dire une photographie des types de contrats à un instant T, photographie montrant que 85,5% des salariés sont encore en CDI.
Mais à en juger par les flux, la réponse est négative : la majorité des embauches se fait actuellement en contrats courts et un actif sur cinq change d’employeur ou connaît un épisode de chômage d’une année à l’autre. Il y a 8 ans, cette proportion était de 1/8.
Augmentation de l’instabilité récurrente
Désormais, il est admis qu’une carrière n’est plus envisagée que de manière linéaire. En revanche, on sait moins dans quelle mesure et pour qui les transitions, les ruptures ou les interruptions de parcours professionnels sont plus fréquentes, surtout depuis la crise de 2008.
Selon les enquêtes Emploi de l’Insee, les trajectoires professionnelles d’aujourd’hui sont plus heurtées par rapport au début des années 1980, autrement dit avant que la législation permettant le recours aux CDD et à l’intérim soit assouplie.
Entre 1980 et 2014, la part des actifs ayant connu une transition professionnelle à un an d’intervalle est passée de 12% à 17%. L’augmentation est à attribuer presque totalement à des épisodes de chômage plus fréquents.
Dualité du marché du travail
Tous les actifs ne sont pas touchés par cette tendance de fond de la même façon. Certains sont en effet plus exposés que les autres, les jeunes et les moins qualifiés en premier. Selon l’analyse, cette surexposition est avant tout imputable à l’importance des contrats à durée limitée dans la gestion de la main d’œuvre.
En effet, la probabilité d’être au chômage à horizon d’un an est dix fois moins élevée pour un salarié en CDI que pour un salarié en intérim.
La durée du contrat est un autre déterminant majeur, même s’il peut paraître trivial de dire que plus un salarié travaille en contrats courts, plus il est exposé au risque de connaître des épisodes de chômage.
Le fait est que plus d’un salarié sur cinq en contrat de très courte durée (moins d’un mois) est concerné par les transitions vers le chômage et ce chiffre augmente encore dans les métiers de services autorisant les CDD d’usage et la réembauche.
Enfin, les salariés qui sont en Contrat à Durée Déterminée ont tendance à le rester.
3 anciens salariés seulement sur 20 sont passés en CDI alors que 14 sont toujours en CDD dont 11 chez le même employeur. Les chômeurs subissent les mêmes pénalités, puisque leurs retours à l’emploi se font 1 fois sur 10 en CDD ou en intérim.
A part cela, il y a aussi l’augmentation du sous emploi dont le nombre a quasiment doublé depuis 1990. Ces tendances marquent la dualité du marché du travail, fragilisant ainsi une partie des actifs en les enfermant à la marge de l’emploi stable.
Télécharger ici le rapport de France Stratégie sur les transitions professionnelles.