Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail conclu entre un employeur et un apprenti dans le cadre d’une formation initiale. Il permet à l’apprenti d’acquérir des compétences professionnelles sanctionnées par un diplôme d’État ou un titre reconnu au Répertoire National des Certifications professionnelles (RNCP).

Le déroulement de la formation en contrat d’apprentissage repose sur l’alternance. Cela consiste à suivre une formation théorique dans un organisme de formation en alternance avec une mise en pratique de ces acquis au sein d’une entreprise.

En principe, le contrat d’apprentissage prend fin à son terme mais comme tout contrat de travail, il peut aussi être rompu à d’autres moments. La rupture du contrat d’apprentissage peut être à l’initiative de l’employeur, du salarié ou de l’administration.

 

Dans quels cas peut-on rompre un contrat d’apprentissage ?

Durant la période probatoire des 45 premiers jours de formation (consécutifs ou non), l’employeur ou l’apprenti peuvent rompre le contrat sans avoir à justifier d’un motif précis. De plus, si cette rupture doit obligatoirement se faire par écrit, elle ne nécessite pas de respecter un délai de préavis.

Pour définir la durée de la période d’essai de 45 jours, il ne faut pas tenir compte des périodes pendant lesquelles l’apprenti est en formation théorique dans un CFA mais seulement les périodes où l’apprenti est en formation pratique dans l’entreprise.

La rupture du contrat pendant la période d’essai ne prévoit alors aucun versement spécifique d’indemnité. Elle doit simplement être notifiée par écrit au Directeur du CFA en charge de la formation ainsi qu’à l’organisme auprès duquel le contrat a été enregistré. Elle sera ensuite transmise à la délégation locale de la DREETS (ex-DIRECCTE).

Au-delà de la période probatoire des 45 premiers jours de formation, la rupture anticipée du contrat d’apprentissage ne peut être effectuée que dans certains cas :

  • Par accord mutuel entre employeur et salarié
  • Suite à la démission de l’apprenti : ce dernier doit au préalable saisir un Médiateur de l’apprentissage et en informer obligatoirement l’employeur dans un délai minimum de 5 jours calendaires. La rupture intervient dans un délai minimal de 7 jours calendaires suivant l’information de l’employeur.
  • Suite à l’obtention de son diplôme par l’apprenti : ce dernier peut alors rompre son contrat avant son terme s’il en informe son entreprise au minimum 1 mois à l’avance. La rupture ne peut intervenir avant le lendemain de la publication des résultats d’examen.
  • En cas de faute grave ou inaptitude de l’apprenti par résiliation du contrat dans les conditions prévues aux articles L. 1232-2 à L. 1232-6 et L. 1332-3 à L. 1332-5. du Code du travail
  • En cas d’exclusion définitive de l’apprenti de son organisme de formation, le contrat d’apprentissage peut être rompu dans le cadre d’une procédure de licenciement pour motif personnel
  • En cas de force majeur : évènement exceptionnel et imprévisible (type catastrophe naturelle) qui empêche l’activité de l’entreprise
  • A l’initiative de l’administration : si l’employeur ne respecte pas ses obligations légales vis-à-vis de l’apprenti, l’administration peut prononcer la rupture de son contrat
  • En cas de risque sérieux d’atteinte à la santé ou à l’intégrité physique ou morale de l’apprenti constaté par l’inspection du travail, le contrat peut être rompu sur demande de la DREETS
  • En cas de décès de l’employeur maître d’apprentissage d’une entreprise unipersonnelle, le contrat d’apprentissage peut être rompu dans le cadre d’une procédure de licenciement pour motif personnel

En cas de rupture anticipée d’un contrat d’apprentissage, l’employeur a l’obligation de la notifier sans délai à l’OPCO auquel il est rattaché (et qui a enregistré son contrat à la signature). Cette notification peut être faite par voie postale ou par voie dématérialisée.

 

Rupture du contrat à l’initiative de l’employeur

Durant la période probatoire, aucune indemnité n’est due au salarié sauf stipulation contraire du contrat comme énoncé à l’article L. 6222-21 du Code du Travail.

L’employeur peut résilier le contrat en cas de faute grave de l’apprenti ou à cause de son inaptitude à exercer le métier. Est reconnue comme faute grave de l’apprenti, son refus d’exécuter les consignes ou son embauche par un autre employeur à l’issue d’un arrêt maladie.

L’inaptitude du salarié est validée à la suite d’un examen par un médecin (inaptitude médicale) ou par un centre d’information et d’orientation (inaptitude professionnelle). Cet examen s’effectue sur ordonnance du juge ou sur demande de l’employeur, de l’apprenti ou son représentant légal ou du directeur du CFA.

L’inaptitude professionnelle est admise quand l’apprenti ne peut continuer la formation théorique dans le cas où il a échoué à son examen de première année et qu’il n’est pas admis à redoubler.

Passé la période probatoire de 45 jours, la rupture du contrat est conclue :

  • par accord entre l’employeur et l’apprenti. Cet accord doit être constaté par écrit et notifié au directeur du CFA (Centre de Formation des Apprentis), au responsable d’établissement où est implantée la section d’apprentissage, à la Chambre Consulaire ayant enregistré le contrat et à la DDT (Direction Départementale du Travail).
  • par résiliation du contrat à la suite d’une faute grave de l’apprenti ou son inaptitude à exercer le métier. Cette résiliation est un jugement rendu par le conseil de prud’hommes que l’employeur est obligatoirement tenu de saisir. En attendant le jugement, l’apprenti est frappé de la mise à pied conservatoire prononcée par l’employeur. Durant cette période, l’apprenti peut bénéficier de son salaire s’il a été prouvé qu’il n’est pas, en définitive, à l’origine des causes de la rupture du contrat.
  • par résiliation du contrat à la suite de l’exclusion définitive de l’apprenti de son organisme de formation, dans le cadre d’une procédure de licenciement pour motif personnel

Changements des conditions de rupture à partir de 2019

La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a assoupli les conditions de rupture pour les contrats d’apprentissage conclus à compter du 1 janvier 2019.

L’employeur n’est plus tenu comme auparavant de solliciter le conseil des prud’hommes avant de licencier un apprenti s’il respecte la procédure de licenciement pour motif personnel ou disciplinaire prévus en cas de faute grave, inaptitude ou force majeure.

Par ailleurs, l’exclusion définitive d’un apprenti du CFA en charge de sa formation constitue également désormais une cause réelle et sérieuse de licenciement pour motif personnel.

 

Rupture du contrat à l’initiative du salarié

Démission de l’apprenti avant terme du contrat 

Auparavant, le contrat d’apprentissage ne permettait pas à l’apprenti de démissionner (sauf dans le cas d’obtention du diplôme visé) et ce dernier devait se tourner vers le conseil des prud’hommes pour demander la résiliation du contrat en cas de faute grave de l’employeur ou de manquements répétés à ses obligations.

La réforme du contrat d’apprentissage prévue dans le cadre de la loi « Avenir professionnel » ouvre droit à la démission pour l’apprenti pour les contrats conclus à partir du 1er janvier 2019 et dans des conditions définies précisément par le décret  n° 2018-1231 du 24 décembre 2018.

Pour faire valoir son droit à la démission, l’apprenti doit, sauf exception, saisir le médiateur de l’apprentissage désigné par les chambres consulaires dont il dépend et informer son employeur dans les 5 jours suivant par lettre recommandée avec accusé de réception ou tout moyen conférant date certaine.

La rupture du contrat d’apprentissage intervient ensuite dans un délai d’au moins 7 jours à compter de la notification par l’apprenti à l’employeur de son intention.

Rupture anticipée du contrat après obtention du diplôme

L’article L115-2 du Code du travail définit qu’un apprenti peut demander la rupture anticipée de contrat d’apprentissage en cas d’obtention du diplôme ou titre visé par la formation en alternance suivie.

L’apprenti doit alors obligatoirement notifier par écrit sa décision à l’employeur avec envoi d’une lettre recommandé A/R au minimum 1 mois avant la date de souhaitée de la rupture du contrat (en vertu de l’article R6222-23 du Code du travail). Cette lettre doit préciser la date d’effet de la rupture du contrat d’apprentissage et stipuler son motif. L’apprenti doit également en informer son organisme de formation et la chambre consulaire concernée par le contrat.

La rupture du contrat d’apprentissage à l’initiative de l’apprenti suite à l’obtention de son diplôme ne peut intervenir avant le jour suivant la publication des résultats d’examen.

Rupture pour faute de l’employeur

En cas de faute de l’employeur ou de manquements répétés à ses obligations, l’apprenti peut demander la résiliation auprès du Conseil de prud’hommes. La résiliation peut être prononcée dans certains cas comme :

  • non règlement des sommes dues selon les dispositions de la Cour de Cassation Chambre Sociale n°92-42.427 du 06 décembre 1995
  • insalubrité des conditions d’hébergement de l’apprenti (Cour d’Appel de Douai, du 30 nov. 2000)
  • violence (gifle) à l’égard de l’apprenti (Cour de Cassation Chambre Sociale n°88-40.597 du 05 février 1992
  • manquements de façon répétée aux dispositions règlementaires concernant la durée du travail, l’interdiction du travail les jours fériés et le dimanche pour les salariés de moins de 18 ans (Cour d’Appel de Versailles du 05 nov 1999)
  • suppression de l’hébergement dont bénéficiait l’apprenti (une serveuse de restaurant) selon le jugement n°98-42.385 de la Cour de Cassation Chambre Sociale.

Toutefois, l’apprenti est tenu d’exécuter son contrat jusqu’à ce que la décision du juge soit prononcée.

 

Rupture du contrat à l’initiative de l’administration

L’administration peut décider de la suspension ou la rupture du contrat d’apprentissage lorsque l’employeur manque à ses obligations ou que l’apprenti est mis en danger.

  • En cas de manquements de l’employeur à ses obligations tels le dépassement des horaires ou la violation de son obligation de formation, sans qu’il y ait toutefois mise en danger de l’apprenti, le préfet peut interdire l’engagement d’apprentis par l’entreprise et exiger la rupture des contrats en cours. L’employeur est alors tenu de verser à l’apprenti les sommes qu’il aurait pu percevoir jusqu’au terme du contrat.
  • En cas de changement d’employeur, le contrat est automatiquement transmis au nouvel employeur qui est alors tenu d’effectuer une déclaration pour accomplir la formation des apprentis.
  • En cas de risques majeurs d’atteinte à la santé ou à l’intégrité physique et morale, le contrat peut être suspendu en urgence en vue d’une éventuelle rupture. Ces risques peuvent être :
    • Des sévices physiques ou brutalités et des sévices moraux (insultes, humiliations, harcèlement moral ou sexuel)
    • Exposition à des matières ou substances dangereuses sans protections individuelles ou collectives, conduite de machines dangereuses, installations non conformes, infractions graves aux règlementations sur la durée du travail ou le travail de nuit…

Procédures de l’administration pour rompre un contrat d’apprentissage

L’inspection du travail effectue une enquête. Le directeur départemental du travail dispose de 15 jours pour statuer sur la rupture ou la poursuite du contrat. Durant ce délai, l’apprenti continue à percevoir sa rémunération.

Si la reprise du contrat n’est pas autorisée :

  • Le contrat est rompu mais l’employeur est tenu de verser à l’apprenti les sommes qu’il aurait pu percevoir jusqu’au terme du contrat. Le directeur départemental peut également interdire temporairement le recrutement de nouveaux apprentis ou de tout jeune en insertion professionnelle.
  • L’apprenti peut demander la réparation du préjudice subi causé par la rupture anticipée du contrat
  • le titre de maître d’apprentissage confirmé est retiré d’office si l’employeur en est le titulaire.

 

Quelles conséquences a la rupture du contrat pour l’employeur ?

En échange de son engagement de formation d’un apprenti, l’employeur peut percevoir des aides financières versées par l’État ou la Région.

Le versement des aides de l’état est généralement proratisé sur l’année et versé en même temps que le salaire de l’apprenti à mesure que l’employeur remplit ses obligations de Déclaration Sociale Nominative via la plateforme SYLAé. L’interruption du contrat entraine donc l’interruption du versement des aides.

Si le contrat d’apprentissage est rompu et que l’employeur a été reconnu en torts, ou si la décision de rupture est prononcée par l’administration, l’employeur peut alors être tenu de reverser :

  • l’indemnité forfaitaire reçue de la Région s’il y a lieu
  • les exonérations de charges sociales et le crédit d’impôt dont il bénéficiait de la part de l’État

 

Quelles conséquences a la rupture du contrat pour l’apprenti ?

Quel que soit le motif ayant conduit à la rupture de son contrat, un apprenti bénéficie d’un délai délai de 6 mois pour poursuivre sa formation théorique et trouver un nouvel employeur en vertu des dispositions de l’article L6222-18-2 du Code du travail.

L’organisme en charge de sa formation en apprentissage doit continuer de l’accueillir pendant ce délai et, selon les textes, contribuer à « lui trouver un nouvel employeur susceptible de lui permettre d’achever son cycle de formation » jusqu’à la fin.

Pendant ce délai qui suit la rupture de son contrat, le stagiaire bénéficie du statut de « stagiaire de la formation professionnelle » dès lors qu’il poursuit sa formation.

Passé le délai de 6 mois suivant la rupture du contrat, le financement de la formation par l’OPCO n’est plus assuré et l’apprenti ne pourra dès lors plus suivre sa formation ni s’inscrire aux examens la validant.

 

 

FAQs

Quels sont les cas de rupture du contrat d’apprentissage pendant la période d’essai ?

Pendant la période probatoire des 45 premiers jours de formation, l’employeur ou l’apprenti peuvent rompre le contrat sans motif précis et sans délai de préavis. Aucune indemnité spécifique n’est due lors de cette rupture.

Dans quels cas peut-on rompre un contrat d’apprentissage après la période d’essai ?

Après la période d’essai, la rupture anticipée du contrat d’apprentissage peut être effectuée d’un commun accord entre l’employeur et l’apprenti, ou par décision unilatérale de l’un des deux suivant des cas précis définis par le législateur. Des procédures spécifiques doivent être suivies dans ces cas, notamment en cas de démission de l’apprenti.

Quels sont les motifs de rupture du contrat d’apprentissage à l’initiative de l’employeur ?

L’employeur peut résilier le contrat en cas de faute grave de l’apprenti ou en cas d’inaptitude à exercer le métier. Des procédures légales doivent être suivies, et en cas de résiliation judiciaire, des indemnisations peuvent être prévues.

Est-ce que l’apprenti a le droit de démissionner pendant son contrat d’apprentissage ?

Depuis la réforme du contrat d’apprentissage, l’apprenti a le droit de démissionner dans des conditions spécifiques, en respectant une procédure précise, en informant notamment son employeur et en saisissant au préalable le médiateur de l’apprentissage.

Est-il possible de faire une rupture anticipée du contrat d’apprentissage après l’obtention du diplôme ?

L’apprenti a le droit de demander la rupture anticipée du contrat d’apprentissage après l’obtention du diplôme ou du titre visé. Une notification écrite doit être envoyée à l’employeur et aux organismes concernés, respectant un préavis d’au moins 1 mois.

Dans quels cas l’administration peut-elle décider de suspendre ou de rompre le contrat d’apprentissage ?

L’administration peut décider de la suspension ou de la rupture du contrat d’apprentissage en cas de manquements de l’employeur à ses obligations ou lorsque l’apprenti est mis en danger. Des procédures spécifiques s’appliquent dans ces situations et passent par la saisie de l’inspection du travail.

Quelles sont les conséquences financières d’une rupture anticipée du contrat d’apprentissage pour l’employeur et l’apprenti ?

En cas de rupture anticipée du contrat d’apprentissage, des conséquences financières peuvent s’appliquer. L’employeur peut être tenu de rembourser les frais de formation engagés, tandis que l’apprenti peut perdre certains avantages liés à son statut d’apprenti, notamment sa rémunération.

Existe-t-il des recours possibles en cas de rupture abusive du contrat d’apprentissage ?

En cas de rupture abusive du contrat d’apprentissage, des recours sont possibles. L’apprenti peut engager une action en justice pour demander des dommages et intérêts, tandis que l’employeur peut être tenu de réintégrer l’apprenti ou de verser des indemnités en cas de résiliation judiciaire.