Apprentissage : une croissance surtout portée par de nouveaux acteurs

Getting your Trinity Audio player ready...

Dans le dernier numéro de Bref, la revue du Céreq, une étude montre que la croissance considérable de l’apprentissage depuis la réforme de 2018 est surtout portée par de nouveaux acteurs et que ses conséquences à long terme restent incertaines.

Une étude basée sur deux types de sources

L’étude repose sur deux apports. D’une part, une exploitation de données issues des bases SIA (Système d’information sur l’apprentissage) de la Dares, qui renseignent les contrats d’apprentissage signés. Deux années ont été retenues, 2017 et 2021, pour réaliser une comparaison entre « un avant et un après » la réforme initiée par la loi « Avenir professionnel » du 5 septembre 2018, qui a transformé  le cadre de l’apprentissage.

D’autre part, une enquête empirique sur la base d’entretiens conduits auprès d’une quarantaine d’interlocuteurs, jeunes, apprentis, responsables de formations en apprentissage, responsables d’entreprises…

La première partie du rapport présente l’évolution du profils des apprentis, mais aussi la transformation des spécificités des structures partenaires, l’entreprise et le CFA qui assurent conjointement la formation ; leur ancienneté sur le champ de l’apprentissage a notamment été examinée.

Les propos des acteurs de terrain, présentés dans la deuxième partie de l’étude, permettent d’éclairer ces constats statistiques et de comprendre certaines logiques et stratégies déployées. Ils pointent aussi des tensions pour l’écosystème actuel de l’apprentissage.

Enfin, une annexe rappelle les évolutions du cadre légal de l’apprentissage.

L’importance du contexte dans le boom de l’apprentissage

En conclusion, l’étude du Céreq confirme que la réforme de 2018 a incontestablement créé les conditions d’un développement de l’apprentissage. Mais elle souligne aussi que des éléments de contexte en ont décuplé les effets.

D’une part, la réduction de la charge financière d’un recrutement en apprentissage, conséquence de l’élargissement des aides, a favorisé les effets d’aubaine.

D’autre part, l’apprentissage a pu représenter une solution « RH » à court et moyen terme aux pénuries de main-d’œuvre et de compétences.

Enfin, l’apprentissage bénéficie actuellement d’une « acculturation » en sa faveur, qui résulte d’une politique de communication et de valorisation de ses bénéfices depuis une vingtaine d’années.

Nouveaux acteurs et avenir incertain

Plus généralement, des questions se posent quant à l’impact de cette massification de l’apprentissage sur le taux et la qualité de l’insertion à l’issue de la formation, selon les auteurs de l’étude.

Les acteurs enquêtés s’interrogent quant à eux sur la valeur qui sera accordée par le marché du travail aux nouvelles certifications. A l’heure actuelle, « le paysage compliqué de la certification permet de brouiller un peu les cartes et les tensions sur le marché du travail retardent le moment où ces éléments entreront en ligne de compte »

Certes, les jeunes, responsables d’entreprises et offreurs de formation rencontrés s’accordent sur le fait que l’apprentissage et plus largement l’alternance occupent désormais une place essentielle et spécifique pour la formation des actifs de demain et le renouvellement des compétences. Mais les nouveaux visages de l’apprentissage et les fragilités actuelles donnent cependant à penser que cette voie de formation, transformée par la loi de 2018, va devoir se réformer à nouveau dans un contexte de tensions économiques renforcées.

Consultez le numéro de décembre de Bref « L’apprentissage après la réforme de 2018 : nouveaux acteurs, nouveaux défis » ici.

 

Crédits photo : Prathankarnpap / Adobe Stock