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Une étude publiée par le Céreq évalue l’impact sur la formation en apprentissage de la loi « Avenir professionnel » votée en 2018. Dressant un bilan détaillé de ces transformations, l’organisme relève que les objectifs quantitatifs de la réforme ont globalement été atteint, notamment grâce à l’arrivée de nouveaux acteurs.
Une forte augmentation des offres de formation dans le supérieur
Entre 2017 (année précédant la réforme) et 2021, le nombre d’apprentis a augmenté de plus de 241%, passant de 305 000 à 736 000 contrats d’apprentissage signés annuellement. C’est l’apprentissage dans l’enseignement supérieur qui porte principalement cette hausse, passant de 38% à 60% du total des contrats.
Cette évolution s’est accompagnée d’une diversification significative des certifications, avec une montée en puissance des titres professionnels qui représentent désormais plus d’un tiers des contrats. De nouveaux CFA, dont plus de la moitié ont été créés après 2020, se sont particulièrement positionnés sur ces formations supérieures, proposant des certifications alternatives aux diplômes traditionnels de l’Éducation nationale et des universités.
En 2021, 41% des contrats signés concernaient des formations nouvelles, c’est-à-dire qui n’existaient pas avant l’introduction de la loi « Avenir professionnel », ce qui dénote d’un profond renouvellement de l’offre de formation en apprentissage.
Le nombre d’employeurs d’apprentis a doublé depuis la loi « Avenir professionnel »
Le tissu des entreprises qui emploient des apprentis s’est considérablement élargi, passant de 187 000 employeurs en 2017 à 387 000 en 2021, soit une hausse de plus de 206%. Les TPE-PME restent les principaux acteurs du recrutement en apprentissage, comptant pour environ 70% des contrats signés et plus de 80% des employeurs.
Les secteurs d’activité qui dominent traditionnellement l’emploi en apprentissage (commerce, transport, hôtellerie-restauration, construction et industrie) restent toutefois inchangés, même si l’étude relève une montée en puissance du secteur tertiaire.
Les nouvelles entreprises qui emploient des apprentis, présentes uniquement depuis 2020/2021, se distinguent par des recrutements centrés sur l’enseignement supérieur et leur intérêt pour les formations hors Éducation nationale et université, surtout les nouvelles formations certifiées par un titre professionnel.
Quel impact sur les candidats à la formation ?
La transformation de l’apprentissage a profondément modifié le profil des apprentis en formation. Le niveau de qualification des candidats à l’entrée en formation s’est élevé, avec une baisse de la proportion de jeunes sans diplôme et une augmentation des diplômés de l’enseignement supérieur poursuivant leur formation.
Cette évolution s’accompagne pour autant de nouveaux défis. La complexification de l’offre de formation peut désorienter les candidats et des inégalités d’accès persistent pour certains publics traditionnellement éloignés de l’apprentissage.
Les coûts annexes à la formation (logement, transport, mobilité) peuvent également créer des barrières à l’entrée en apprentissage et le capital social des candidats continue d’avoir un impact déterminant dans l’accès aux entreprises. La réforme ne semble ainsi pas avoir réduit les difficultés d’accès à l’apprentissage des publics qui en étaient déjà traditionnellement éloignés : les filles, les travailleurs handicapés ou les candidats issus des QPV.
Le taux global de rupture des contrats d’apprentissage est en baisse mais l’étude relève toutefois une hausse inédite dans les formations du supérieur, celles qui ont connu la plus forte augmentation depuis la loi « Avenir professionnel ».
Les réformes introduites par la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » ont indéniablement atteint leurs objectifs quantitatifs, avec la forte augmentation du nombre de contrats d’apprentissage et l’élargissement de l’offre de formation. L’apprentissage s’est particulièrement développé dans l’enseignement supérieur, attirant de nouveaux acteurs tant au niveau des organismes de formation que des entreprises. Pour autant, cette « massification » s’accompagne de nouveaux défis, notamment en termes d’égalité d’accès et de qualité de la formation. La valeur accordée aux nouvelles certifications sur le marché du travail reste également une question qui devra faire l’objet de futures études.