Une baisse du chômage à nuancer

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Les derniers chiffres du chômage publiés le 25 janvier semblent particulièrement positifs, avec une diminution de 3,8% par rapport au trimestre précédent et de 9,4% sur une an du nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A. Mais cette baisse « forte » et « nette » selon le ministre Olivier Dussopt cache une réalité bien plus nuancée.

Un record depuis 2011…

Il faut remonter jusqu’à 2011 pour retrouver un chiffre aussi faible. Avec 114.000 inscrits à Pôle emploi sans activité en moins au quatrième trimestre, l’année 2022, si elle n’a pas fait mieux que 2021 (-480.000 chômeurs), restera un très bon millésime avec 312.000 chômeurs en moins, soit une diminution de 9,3%. Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité inscrits à Pôle emploi, qui sont rangés dans la catégorie A, a baissé de 3,6% en France (hors Mayotte), pour atteindre 3,050 millions selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail.

Sur le front du chômage de longue durée, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus diminue de 13,5% sur un an mais reste élevé à près de 2,3 millions (catégories A, B et C). Ils représentent encore 45,2% (-4,3 points sur un an) du total des demandeurs d’emploi.

Une évolution qui confirme celle de bons indicateurs publiés en début de semaine. L’Urssaf a fait état d’un record de cinq millions d’embauches en CDI signées l’année dernière, soit 20% de plus qu’au dernier trimestre de l’année 2019.

… grâce à un changement de la procédure d’actualisation

Pourtant, un bémol majeur doit être apporté à ces chiffres flatteurs. Ainsi, en incluant l’activité réduite (catégories B et C de Pôle emploi), le nombre de demandeurs d’emploi n’a en réalité  baissé que de 0,8% (-5,1% sur un an) ce trimestre à 5,394 millions. La modification de la procédure d’actualisation en fin de mois, qui permettrait une meilleure déclaration des heures d’activité réduite, n’y est pas pour rien : la nouvelle procédure comporte plusieurs bugs qui empêchent des demandeurs d’emploi de s’actualiser correctement.

Le trimestre a donc été marqué par des « vases communicants » entre les catégories A d’un côté, et B et C de l’autre, qui comptabilisent 90.000 entrées et 15.000 sorties.

Si, entre janvier et novembre 2022, la catégorie A a perdu 105.000 demandeurs d’emploi, le nombre d’inscrits ayant travaillé moins de 78 heures et plus de 78 heures a en effet augmenté. Ce qui n’empêche pas le gouvernement de mettre en avant d’autres signes positifs sur le marché du travail comme la réduction du nombre de chômeurs de moins de 25 ans (-9,8% sur un an) et de plus de 50 ans (-8,9% sur un an) alors que l’emploi des seniors est un des enjeux de la réforme des retraites.

Pour accélérer cette baisse du chômage et atteindre son objectif de plein emploi – un taux de chômage autour de 5% au lieu 7,3% actuellement – le gouvernement mise notamment sur sa réforme de l’assurance chômage qui entre en vigueur le 1er février. Celle-ci prévoit une baisse de 25% de la durée d’indemnisation pour tous les demandeurs d’emploi qui ouvrent des droits.