Dégradation des conditions de travail : un constat inquiétant

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Les tensions sur le marché du travail français s’accumulent, et pas seulement du côté du recrutement. Les conditions de travail se dégradent depuis plusieurs années, ce qui affecte aussi bien la santé des salariés que la productivité ou les comptes publics.

Une dégradation indéniable des conditions de travail

Pour l’économiste Thomas Coutrot, cité dans un article du journal Le Monde, le constat est implacable : « la dégradation des conditions de travail est aujourd’hui une évidence. Il n’y a pas de débat. »

Concernant les accidents du travail, après une forte basse d’un tiers entre 1950 et 2010, on constate une stagnation autour de 650.000 accidents par an depuis cette date selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail.

La pénibilité et les risques psychosociaux sont eux en augmentation : « Le nombre d’assurés partis en retraite ayant acquis au moins 1 point [de pénibilité sur le compte professionnel de prévention] au cours de leur carrière est en constante progression : il est passé de 6 610 en 2016 à 21 380 en 2021″, relevait ainsi, en mars dernier, le Conseil d’orientation des retraites, alors même que tous les facteurs de pénibilité ne sont pas pris en compte par ce dispositif.

Enfin, le baromètre des RPS, publié par le cabinet Empreinte humain fin novembre, révèle que 48% des 2000 salariés interrogés sont en détresse psychologique, dont 70% affirment que cette situation est la conséquence de leur activité professionnelle.

Un coût pour les entreprises et pour les finances publiques

En 2022, le coût moyen du désengagement des employés était de 10.070 euros par an et par salarié, selon le baromètre annuel du cabinet Mozart Consulting.

Par ailleurs, le coût annuel des mauvaises conditions de travail sur le financement de la branche accidents du travail-maladies professionnelles de l’Assurance-maladie est de 11,7 milliards d’euros pour les prestations nettes, d’après Maëlezig Bigi, chercheuse au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET).

Enfin, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie, le montant des indemnités journalières pour maladie et par salarié a augmenté de 12 % en dix ans.

Des causes variées subies par les salariés

Les raisons de cette dégradation des conditions de travail sont diverses : développement des horaires atypiques, notamment dans le commerce, l’hôtellerie-restauration, la logistique et la santé ; le chantage à l’emploi, devenu un puissant levier dans certaines industries avec la désindustrialisation et les délocalisations ; les nouveaux impératifs financiers de performance et la chasse au gaspillage par le lean ; le développement de la sous-traitance, source de tensions et de dangers pour les salariés.

Quoi qu’il en soit, ce constat net de la dégradation de travail est préoccupant pour l’économie et la société françaises.