Les nouveaux emplois des ouvriers

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Le Centre d’études de l’emploi et du travail, un programme transversal du Cnam, s’est penché sur les évolutions récentes de l’emploi des ouvriers en France dans son dernier numéro de Connaissance de l’emploi.

Un nouveau monde ouvrier ?

Le monde ouvrier en France a connu des transformations très importantes depuis les années 1980, mais reste une composante centrale de la société française. Derrière la désindustrialisation qui a provoqué son invisibilisation croissante et pu faire croire à sa disparition progressive, on observe une recomposition intense de sa structure professionnelle.

À partir d’une analyse quantitative sur des données de la statistique publique pour la période 1982-2017, ce numéro de Connaissance de l’emploi met en lumière le nouveau monde ouvrier issu de ces évolutions. Il montre que si les nouveaux emplois ouvriers se concentrent dans le secteur tertiaire, ils ne signifient pas une disparition de la condition ouvrière et sont même au cœur des dynamiques d’intensification et de précarisation du travail ouvrier.

Les travailleurs ouvriers, composante essentielle de la société française

L’image d’un déclin inexorable du groupe ouvrier est bien ancrée dans les représentations de la société française. Pourtant, si la part des ouvriers dans la population active occupée en France métropolitaine est passée de 32% en 1982 à 21% en 2017, ils représentent encore plus de 5,4 millions de personnes, et 6,5 millions de personnes en comptant les chômeurs dont le dernier emploi occupé était ouvrier (contre respectivement 6,9 et 7,4 millions en 1982).

Ainsi, malgré l’érosion de son pouvoir symbolique et politique, le groupe des ouvriers reste une composante essentielle de la société française. Comment les transformations contemporaines de l’économie française affectent-elles ces emplois d’exécution? Les nouveaux emplois ouvriers et les personnes qui les occupent ont-ils des caractéristiques différentes de ceux des années 1980?

La « tertiarisation » du monde ouvrier

Contrairement à l’idée d’une disparition de la condition ouvrière avec la désindustrialisation, les études renouvelées sur les mondes ouvriers insistent sur la persistance des mécanismes de domination dans le travail comme sur les autres scènes sociales. Ces recherches, prenant comme cadre d’analyse la notion de classes populaires, témoignent toutefois d’un éclatement des univers professionnels ouvriers et de leur rapprochement avec le monde des employés du tertiaire.

Pour rendre compte de l’actualité du groupe ouvrier, il est donc nécessaire d’éviter de le réduire au monde industriel. Le numéro de Connaissance de l’emploi prend comme point de départ la catégorie statistique des ouvriers selon l’INSEE et propose une étude synthétique des recompositions professionnelles au sein du groupe ouvrier à partir d’une analyse quantitative des données de la statistique publique depuis les années 1980.

Il apparaît ainsi qu’au-delà du déclin numérique du groupe ouvrier, conséquence de la désindustrialisation française, on observe l’émergence de nouveaux emplois qui traduisent la tertiarisation de l’économie. Ces professions en expansion cristallisent les logiques de précarisation et d’intensification du travail.

Consultez le dernier numéro de Connaissance de l’emploi ici.