85% des emplois de 2030 n’existeraient pas encore !

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Dans un rapport optimiste sur l’impact des technologie émergentes et particulièrement le développement de l’intelligence numérique cognitive, Institute for the Future, un think tank californien anticipe les nombreux changements à venir pour le marché du travail.

Sur la base des analyses d’une vingtaine d’universitaires ou professionnels, tous expert du numérique, le rapport anticipe que 85% des emplois en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. Si l’étude semble optimiste, son approche n’en comporte pas moins certaines incohérences qui en relativisent la portée.

Impact des technologies émergentes sur l’emploi

En mars 2017, 20 experts issus du numérique ont répondu à l’invitation de Dell et de « L’institut du futur » pour une série d’ateliers en vue d’anticiper les nombreux changements qui vont avoir un impact sur le monde de l’entreprise et du travail.

L’étude montre des résultats spectaculaires, tablant sur le fait que 85% des emplois en 2030 n’existent même pas encore actuellement. La cause principale de cette projection serait la ringardisation progressive de certains groupes de métiers entiers, que le numérique et la robotisation devrait rendre obsolètes.

Les experts participants affirment que la seconde phase du développement numérique est en effet en cours et va nous mener à l’avènement d’une réelle intelligence cognitive qui est apte à imaginer des solutions, de faire des interprétations de données, même imparfaites, au même titre que les humains. L’étude affirme que la troisième phase sera l’apparition de l’être humain virtuel.

L’homme a donc intérêt à faire un recentrage sur ce qu’il peut mieux faire que la machine. A ce sujet, l’étude affirme qu’il est important d’acquérir un nouveau savoir. Le perfectionnement se fera dorénavant au niveau de la capacité à être rapidement satisfaisant dans les nouveaux métiers et donc à être le plus nomade possible dans sa carrière et avoir une grande disponibilité par rapport aux différentes mutations de l’économie.

Le Bureau de travail américain affirme que les étudiants d’aujourd’hui seront passés par une dizaine d’emplois lorsqu’ils seront âgés de 38 ans tandis que l’étude de Dell soutient que le nombre de personnes travaillant en freelance va s’accroître.

Il faut s’attendre à une transition très rapide puisque la numérisation permet déjà l’amélioration de la productivité et des coûts de travail pour l’entreprise. Les métiers manuels sont les premiers concernés. Une étude du Guardian datant de l’année 2015 montre ainsi que si la délocalisation permet d’économiser 65% des coûts, la robotisation peut les réduire de 90%.

Le défi de la transition pour les années à venir

Le rapport la qualifie de « destruction créatrice ». Il s’agit du défi majeur représenté par la transition vers l’économie numérique avancée. Si elle est trop brutale, la destruction des vieux emplois présente des risques pour la stabilité économique de nombreux foyers et menacerait donc la paix sociale. Le rapport révèle qu’un sondage de Dell auprès de 4000 décideurs de haut rang affirme que 50% d’entre eux sont incapables de projeter l’avenir de leur industrie dans trois ans, en conséquence, 45% d’entre eux ont la crainte de devenir « obsolètes ».

Le document essaie de rester dans une note positive en s’enthousiasmant sur le fait que la mondialisation du travail permette de dégager de nouvelles opportunités dans le futur. Cela permettrait aux individus de travailler en freelance pour de multiples organisations en même temps, sans contraintes de temps et d’espace. L’étude se montre particulièrement fantasque à ce sujet, tablant que le travail digital pourrait permettre de faire des recherches de talents au fin fond des régions les plus enclavées du monde.

En outre, le numérique est présenté comme un outil de réduction des inégalités en donnant la possibilité de travailler sans contact physique et donc indépendamment du sexe et de la race, éliminant ainsi les refus d’embauche dû à ces critères.

Les limites de l’étude

En clair, l’étude est plus un manifeste qu’un document de rigueur scientifique. D’ailleurs, elle n’apporte pas de réponse aux questions sur les incertitudes de l’économie numérique comme les conflits entre les organisations, la détention effective du pouvoir au sein de l’entreprise,…

En outre, la réponse à la question de la continuité des organisations et de la prise de décision par les humains est trop brève et pas assez fouillée. Elle y répond en effet en affirmant que certains emplois seront fixes et de longue durée au sein d’une même entreprise.

Une réponse trop simpliste qui illustre plutôt le fait que les acteurs du monde numérique, talentueux mais subjectifs quant au futur, seraient plus déconnectés du grand public qu’il n’y parait.

Télécharger l’étude complète « L’impact des technologies émergentes sur la société et l’emploi en 2030 » (en anglais) ici.