Le plan de réforme de la formation pourrait engendrer 9 milliards d’euros d’activité supplémentaire

© Crédit photo FFP
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La Fédération de la formation professionnelle (FFP) vient de publier un rapport évaluant l’impact du plan de réforme de la formation porté par le gouvernement. Réalisé par le cabinet Roland Berger, il estime que la réforme pourrait générer 9 milliards d’euros d’activité en plus de dégager 8 milliards d’euros d’économie pour les finances publiques.

La FFP est un syndicat professionnel, membre du MEDEF et de la CGPME qui fédère et représente plus de 2 000 organismes de formation et les 600 entreprises dont ils dépendent.

Un impact sur la productivité des entreprises

Le cabinet Roland Berger a créé un modèle d’impact de la réforme de la formation professionnelle qui part du postulat selon lequel une hausse de 1% d’accès à la formation engendre une augmentation de 0,66% de la productivité et de 0,3% du Produit Intérieur Brut.

En retenant le taux de retour à l’emploi durable de 25 % mesuré par Pôle emploi, le rapport prévoit que le plan de réforme de la formation tel que présenté par le gouvernement devrait générer un surcroît de 0,1 point de PIB par an, soit 9 milliards d’euros supplémentaire d’activité sur les cinq prochaines années.

Et sur le taux d’activité

Le rapport estime également que les mesures prévues dans le plan de réforme devraient permettre un fort taux de retour à l’emploi et retient une hypothèse plus élevée que le gouvernement avec 500 000 personnes réinsérées professionnellement à son issue (contre 300 000 pour le gouvernement). Cela devrait faire substantiellement baisser le taux de chômage et l’organisme évalue ainsi l’économie à 5,8 milliards d’euros pour les caisses de l’état.

Pour autant, ses chiffres ne prennent pas en compte les objectifs de réforme du plan compétences que pourrait adopter le gouvernement et se base sur une organisation de la formation au périmètre inchangé. Le rapport estime ainsi qu’une « optimisation » du plan compétences pourrait engendrer un gain supplémentaire d’environ 500 millions d’euros par an, soit 2,5 milliards sur la durée du plan.

La FFP préconise ainsi d’agir sur les 3 leviers de réforme suivants :

L’autonomisation des acteurs de la formation

Partant du constat que 36% des actifs en France participent annuellement à une action de formation (contre 65% aux Pays-Bas et 53% en Allemagne), la FFP recommande de placer le compte personnel de formation (CPF) au centre du système de formation, de stopper le recours automatique à la prescription et d’amorcer une réforme de la certification.

Le renforcement du CPF ainsi que sa simplification et son association à un compte épargne formation devraient avoir des impacts positifs sur l’accès à la formation. Le CPF souligne que l’engagement de l’individu par rapport à sa formation repose sur sa liberté de choix et sur les responsabilités qui lui incombe.

La FFP recommande de financer d’avantage le CPF en lui attribuant 60 % du 1 % légal payé par les entreprises (contre 20 % actuellement). Au passage, le dispositif ne serait plus doté en heures mais en points convertibles en euros et la liste des formations éligibles serait supprimée.

L’organisme recommande également de mettre fin au monopole de prescription des formations de Pôle Emploi pour les demandeurs inscrits et insiste sur la nécessaire réforme des certifications pour s’adapter à la réalité du marché de l’emploi.

Autres mesures phares abordées par la FFP, la création d’un « crédit d’impôt formation » pour les particuliers ou les TPE-PME devrait faire gagner un point de PIB annuel et le « compte épargne formation » permettre de former 500 000 personnes supplémentaires en 2019.

Passer d’un paritarisme de gestion à un paritarisme de services

La FFP milite pour que les missions du service public sur l’accompagnement ainsi que la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences et le déploiement des stratégies territoriales soient recentrées. Ainsi, la fédération propose une diminution de l’intermédiation financière des Opca. Cette mesure devrait permettre de gagner 0,25% du PIB, ce qui représente 5 milliards d’euros en réallouant partie des frais de gestion vers les formations.

L’organisme propose également une réaffectation d’une partie du financement des contrats aidés vers l’alternance et retient que la création de 83 000 contrats de professionnalisation supplémentaires pourraient ainsi engendrer 106 millions d’euros de dépenses publiques.

La digitalisation des offres de formation

Le rapport de la FFP met l’accent sur la nécessité de faire évoluer l’offre de formation qui devrait être évaluée par une autorité totalement indépendante. En outre, le rapport souligne que les formations devraient être plus courtes, plus adaptables et s’appuyer davantage sur les outils numériques.

La France accuse en effet un certain retard en terme de digitalisation de l’offre de formation et le baromètre Cegos montre ainsi que seuls 35% des salariés ont bénéficié d’une formation en partie digitalisée au cours de l’année 2016.

Télécharger la synthèse du rapport de la FFP « Formation professionnelle: Faire décoller l’investissement dans les compétences » ici.