Faut-il mieux cibler les aides à l’apprentissage ?

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Alors que certains députés de la majorité espéraient dégager plus de 700 millions d’économies en 2024 en ciblant mieux les aides à l’embauche d’apprentis, le gouvernement a répondu par la négative, pour ne pas remettre en question l’objectif présidentiel du million d’apprentis en 2027.

Un amendement qui vaut 700 millions

En pleine discussion sur le projet de loi de finances, une vingtaine de députés du parti présidentiel Renaissance ont porté un amendement qui supprimait l’aide à l’embauche d’un apprenti de niveau supérieur à bac +2 pour les entreprises de plus de 250 salariés. La mesure devait rapporter 725 millions d’euros dès 2024, ce qui allait dans le sens du ministre de l’Économie Bruno Le Maire qui a promis 1 milliard d’euros d’économies sur la politique de l’emploi.

L’amendement en question semblait frappé au coin du bon sens : le coût de la prime d’apprentissage pour l’embauche d’apprentis du supérieur atteint 1,6 milliard d’euros, et la dépense publique totale en faveur de l’apprentissage a quant à elle triplé entre 2018 et 2022, à près de 17 milliards d’euros par an.

De plus, la réforme de l’apprentissage de 2018 a fait l’objet de plusieurs rapports signalant des effets d’aubaine liés au manque de ciblage du dispositif, au bénéfice de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, déjà bien armés pour s’insérer dans l’emploi. « La très forte croissance des entrées en apprentissage à compter de 2020 a été largement portée par les étudiants des niveaux supérieurs », rappelle ainsi l’amendement.

Un totem politique réservé au président

Mais la réforme de l’apprentissage est une mesure phare du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, qui la cite régulièrement comme l’une de ses grandes réussites, et représente un totem politique à ses yeux.

Le gouvernement a donc écarté l’amendement proposé par des députés de sa propre majorité et auquel le ministère de l’Économie était favorable sur le principe. Il n’a pas été retenu dans le texte lors de l’application de l’article 49.3 de la Constitution, le 7 novembre, sur la seconde partie du projet de loi de finances.

La multiplication des domaines systématiquement exclus du champ des économies sur volonté d’Emmanuel Macron commence à inquiéter jusque dans les rangs de la majorité.