Quelles sont les causes des difficultés de recrutement des employeurs ?

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Dans une note publiée récemment, la DARES met en évidence un décalage entre l’offre de projets d’emploi proposée par les entreprises françaises et les compétences disponibles.

Se basant pour partie sur des données américaines collectées suite à la crise des subprimes de 2008, l’enquête questionne ce problème d’appariement entre offre et demande d’emploi, caractérisé par un déficit de recrutement.

L’inadéquation des compétences des candidats mise en cause par les entreprises

Du côté des entrepreneurs, on attribue ces déficits de recrutement à une mauvaise concordance des compétences des demandeurs d’emploi par rapport à celles attendues pour un poste donné. Pourtant une enquête américaine de 2017 évaluait que ces difficultés seraient en réalité liées aux types de compétences demandées par les recruteurs : là où l’exigence d’une compétence unique est souvent jugée éliminatoire, la demande ou la valorisation des « softs skills » ne contribue pas à augmenter les probabilités d’échec lors d’un entretien d’embauche.

Par ailleurs, l’étude constate que les salariés estiment satisfaisante l’adéquation entre leurs compétences et le poste qu’ils occupent.

Enfin, il ressort que même si l’instabilité de l’emploi conduit à plus de fluctuations en termes d’embauche, le chômage dans les secteurs où la demande est la plus importante n’expliquerait pas de façon satisfaisante les difficultés de recrutement qu’expérimentent les entreprises.

Un durcissement des critères de recherche de la part des entreprises

Plusieurs études passées suggèrent qu’en période de phase basse du cycle économique, les critères des recruteurs à l’embauche tendent à se renforcer. En cas de récessivité économique, on compense la baisse de productivité agrégée par une élévation des critères d’embauche. Cela concerne entre autres l’effort de recrutement de la part des entreprises : niveau de salaire proposé, budget alloué à l’embauche, nombre de postulants reçus en entretien, critères de compétences.

Lors d’un choc de productivité négatif, la diminution des salaires entraîne la diminution du nombre de candidats ce qui induit l’augmentation du décalage entre offre et demande. Dans ce cas, l’étude évoque deux raisons majeures : un affaiblissement du système de promotion interne des entreprises et une instabilité croissante de l’emploi, poussant les entrepreneurs à rechercher des candidats plus expérimentés et dotés de compétences plus spécifiques, plus ardus à trouver que des jeunes diplômés.

Comment améliorer l’appariement entre demande et recherche d’emploi ?

En guise de bilan, l’étude évoque quelques solutions au problème. En premier lieu, elle suggère aux employeurs de rendre leurs critères de sélection moins restrictifs, en termes de qualification et d’expérience demandées aux candidats. Dans une moindre mesure on leur conseille également d’effectuer un effort de recherche de recrutement plus important, et la proposition de salaires plus élevés comme moteur à l’embauche.

Concernant les politiques publiques, on propose ici de travailler des deux côtés de l’appareil, en termes d’effort de recrutement pour les employeurs, et d’effort de recherche pour les demandeurs, en ayant au préalable identifié les caractères temporaires ou permanents du manque d’appariement. Cela signifie par exemple de développer des politiques de subvention à l’embauche du côté des entreprises, ainsi que l’a expérimenté Pôle Emploi, mettant à leur disposition une méthode de simulation d’entretien, des présélections de candidatures et un travail sur l’amélioration de l’attractivité de leur offre d’emploi.

A titre d’exemple également, en 2015 Pôle emploi éprouvait une politique d’aide gratuite au recrutement pour les PME, dont une conséquence visible avait été l’augmentation du nombre de contrats à durée indéterminée.

 

Télécharger la note complète de la DARES sur les causes des difficultés d’embauche ici