Formation : forte baisse de dotation pour l’Opco des Entreprises de Proximité

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La direction de l’Opco EP a appris au mois d’avril dernier que la dotation qu’elle devait recevoir de France compétences au titre de l’année 2022 ne serait pas de 166 millions d’euros comme prévu, mais de seulement 123 millions. De nombreux programmes de formation financés par l’opérateur de compétences vont être annulés ou diminués. 

La conséquence d’un changement des règles de répartition

La forte baisse de la dotation allouée à l’Opco EP par France compétences est la conséquence d’un changement des règles de répartition des fonds entre les onze Opco : un décret certifie ainsi qu’elle dépendra désormais du nombre d’équivalents temps plein dépendant de chaque Opco, et non plus du nombre de salariés.

Or les salariés de la branche des particuliers employeurs (garde d’enfants, ménage…), dont la plupart travaillent à temps partiel, dépendent d’EP, ce qui implique que leur nombre passe de 1,27 million de travailleurs à 447.000 ETP. Ainsi, le nombre d’ETP total passe de 3 millions à 2,2, ce qui justifie la baisse de la part que reçoit l’Opco EP sur les 552 millions attribués au total en France.

L’opérateur et les branches concernées regrettent particulièrement l’absence d’anticipation et le manque d’information sur le sujet : le décret à l’origine de la baisse de la dotation date de décembre 2021. Pour Laurent Munerot, président de la Confédération nationale de l’artisanat des métiers et des services (CNAMS), et vice-président de l’Union des entreprises de proximité (U2P) en charge de la formation professionnelle, « c’est inadmissible, comment voulez-vous gérer n’importe quel établissement si on apprend la dotation quatre mois après la fin de l’exercice ? » (Le Monde)

La formation menacée dans plusieurs branches

« Des professions comme la boulangerie-pâtisserie ne pourront globalement plus envoyer leurs salariés en formation à partir de juin. D’autres métiers pourront être impactés », avertit Laurent Munerot. Dans 53 branches professionnelles représentant 3 millions de salariés de l’artisanat, l’immobilier ou encore la coiffure, les formations organisées par les entreprises risquent d’être drastiquement revues à la baisse dès 2023.

En 2023 et les années qui suivront, les PME devront donc se débrouiller avec un tiers de budget en moins, ce qui les plonge dans l’incertitude. L’Opco a organisé un conseil d’administration extraordinaire pour s’organiser avec seulement 123 millions d’euros en 2023, invitant les branches à lister les formations prioritaires. Certaines d’entre elles ont déjà consommé la quasi-totalité de leur budget annuel.