L’Ifrap publie ses recommandations pour accompagner la réforme de l’apprentissage

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Dans le but affiché d’aider le gouvernement à faire face aux difficultés de réforme de l’apprentissage, la fondation Ifrap a rendu public ses propres recommandations pour transformer ce dispositif de formation en alternance.

L’Ifrap, littéralement Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques, est un think tank créé en 1985 pour effectuer des études et recherches scientifiques sur l’efficacité des politiques publiques.

Au delà de l’apprentissage, l’organisme appelle à un complet changement de culture qui suppose une réforme plus globale touchant l’Éducation nationale dans son ensemble.

L’Ifrap suggère également de replacer les entreprises et leurs Fédérations au centre du système d’apprentissage plutôt que les branches professionnelles, s’éloignant des objectifs de réforme annoncés par le gouvernement dans sa feuille de route.

Le but affiché de ses propositions est de répondre aux trois principaux freins de l’actuel système de formation en apprentissage pour l’Ifrap : le manque de valorisation de la filière, son financement coûteux et complexe, ainsi qu’un coût du travail trop élevé.

Les propositions concernant l’Éducation nationale

Pour élaborer ses recommandations, l’Ifrap est parti du postulat que l’éducation nationale se place actuellement en concurrence de l’apprentissage. Pour remédier à cette situation, l’organisme recommande de :

  • Donner à l’apprentissage le statut juridique de « voie d’orientation ».
  • Abolir le collège unique et mener des actions sur les cursus via des modules de découverte professionnelle d’une durée de 6 à 8 heures par semaine proposés dans tous les collèges à destination des élèves présentant peu d’appétence ou d’aptitude pour l’abstraction mais qui ont une préférence pour les savoir-faire techniques.
  • Réformer le brevet des collèges et le transformer pour être une certification de la maîtrise des compétences et connaissances du socle commun. Le profil scolaire établi par les résultats de l’élève au certificat de capacité conditionne son orientation.
  • Normalisation du passage par l’alternance ou l’apprentissage en facilitant l’accès aux diplômes de l’enseignement supérieur pour les apprentis par des cursus passerelles ou par la création dans les écoles supérieurs, les métiers et les universités.
  • Amorcer un changement culturel en rendant les résultats et l’insertion des contrats d’apprentissage plus transparents.

Les recommandations au niveau de l’entreprise

La fondation Ifrap est d’avis qu’il faut faire des entreprises l’acteur central de l’apprentissage à travers les actions suivantes :

  • Charger les fédérations professionnelles du suivi de le tous les centres de formation sans nécessiter l’accord des ministères. Le modèle à suivre est notamment l’école de formation initiale d’Egletons.
  • Permettre l’ouverture des centres de formations privés et/ou associés directement à des entreprises ainsi que leur gestion.
  • Sortir les conditions de travail des apprentis des possibilités d’accords de branche.
  • Augmentation du temps de présence de l’apprenti en entreprise à 1.200 heures annuelles.

Les coûts de formation des apprentis

L’Ifrap souhaiterait « rationaliser et simplifier » les coûts engendrés pour l’entreprise par la formation d’un apprenti.  Pour ce faire, elle recommande de :

  • Mettre le temps de présence réel dans l’entreprise et la rémunération de l’apprenti en relation. Cela doit permettre une baisse du taux horaire de huit euros de l’heure de présence, soit son alignement sur le modèle allemand.
  • Ne plus lier la rémunération des apprentis au SMIC
  • Création d’un SMIC jeune et d’un SMIC régional

Simplification des acteurs et des circuits de financement

  • Charger les régions du pilotage des politiques d’apprentissage, d’éducation et de la formation professionnelle. La région va alors effectuer la définition du portefeuille des formations initiale et continue, des programmes et des schémas stratégiques liés aux entreprises et aux fédérations professionnelles. Parallèlement, chaque collège ou groupement de collèges pourrait être jumelé avec un ou plusieurs lycées Pro et centres de formation d’apprentis. Ces jumelages seraient systématiques en vue d’accueillir des apprentis et les stagiaires.
  • Supprimer la taxe d’apprentissage, des nombreuses aides à l’emploi d’un apprenti et des différentes exonérations et primes des entreprises.
  • Supprimer les Organismes Collecteurs de la Taxe d’Apprentissage afin que les CFA et centres de formation soient financés directement par les entreprises, avec possibilité d’un complément des régions. A la place, il pourrait y avoir un système de transition où la Région se chargerait du suivi ou de la détermination des besoins de financement des centres de formation.

Retrouvez ici l’ensemble des recommandations de l’Ifrap pour réformer l’apprentissage.