Les travailleurs ubérisés encourent plus de risques pour leur santé

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Au mois de janvier, l’INRS a publié une étude attestant que les 200.000 travailleurs français œuvrant auprès de plateformes de services comme Uber encourent plus de risques pour leur santé, particulièrement psychosociaux, par rapport aux travailleurs salariés.

A cause de la montée en puissance des plateformes numériques se chargeant de mettre en relation des prestataires avec des particuliers, les travailleurs sont exposés à davantage de risques, particulièrement psychosociaux.

Ainsi, l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) pointe notamment le risque d’isolement, puisqu’il n’y a plus de contacts quotidiens entre le travailleur et ses collègues ou une hiérarchie, d’autant plus que son autonomie au travail est limitée par la standardisation des tâches et l’algorithme.

Selon un expert à l’INRS, Benjamin Paty, au lieu d’adapter le travail à l’homme, l’uberisation entraîne plutôt l’adaptation de l’homme au travail.

Au total, près de 200 000 travailleurs sont concernés dans l’Hexagone, notamment dans les secteurs de la livraison, mais également de l’aide à domicile ou du bâtiment, selon l’INRS.

Sentiment d’insécurité, isolement et perte de sens

L’étude de l’INRS comprend un exercice de prospective qui imagine plusieurs scénarios d’expansion des plateformes sur plusieurs années afin de procéder à l’identification des conséquences possibles sur la sécurité et la santé au travail.

A part le sentiment d’insécurité professionnelle que la dépendance à une plateforme peut provoquer, le travailleur qui n’a plus d’autonomie peut finir par ne plus innover dans son travail, notent les experts. En effet, les tâches sont morcelées, entraînant ainsi la perte de sens préjudiciable.

En outre, comme le travailleur n’a pas de contacts avec des collègues, cela augmente les risques car les collectifs de travail sont connus pour jouer un rôle dans leur mise en visibilité.

Ainsi, l’absence de manager, qui aurait pu avoir des contacts avec le travailleur de la plateforme, aurait des impacts négatifs sur la charge de travail.

Les plateformes ne se soucient pas assez des travailleurs

Pour Nicolas Amar, membre de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), il y a un déséquilibre dans le rapport de forces entre la plateforme fixant les conditions du service et les travailleurs qui sont éclatés, fragmentés, et qui ont du mal à se mobiliser.

Cependant, l’INRS affirme que les plateformes ont tout intérêt à mieux s’occuper de la santé de leurs salariés, qui doivent aussi bénéficier d’actions de fidélisation.

Ainsi, les plateformes devraient montrer un regain d’intérêt pour l’amélioration de l’expérience travailleur, qu’elles ont aujourd’hui tendance à délaisser au détriment de l’expérience client.

Parmi les recommandations de l’INRS aux plateformes, on trouve l’utilisation des outils de dialogue direct avec le prestataire afin de prévenir, organiser des formations collectives ou encore pour l’intégration aux algorithmes d’une dimension d’évaluation des risques.

Consulter l’étude de l’INRS.