La diversification des formations en alternance est-elle une bonne nouvelle ?

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Encouragés par les aides publiques, les cursus de formation en alternance se multiplient dans l’enseignement supérieur. Pour autant, les apprentis de ces filières ne s’insèrent pas forcément mieux sur le marché du travail même s’ils ont en général une meilleure image du monde de l’entreprise à l’issue de leur formation.

Le boom de l’apprentissage porté par les formations supérieures

Principalement porté par l’aide à l’embauche de nouveaux apprentis (reconduite en 2024), le boom de l’apprentissage s’est poursuivi en 2023. Fin octobre 2023, on enregistrait ainsi une progression de plus de 135% du nombre d’apprentis par rapport à janvier 2019, avec 1.017.500 apprentis.

Cette croissance est principalement portée par la hausse du nombre de contrats dans les formations supérieures (63% du total en 2023, contre 41% en 2019), et notamment au niveau master.

L’utilité limitée de l’aide à l’apprentissage dans le supérieur

Or plusieurs rapport récents de la Cour des comptes recommandent de réduire le périmètre d’application de l’aide à l’apprentissage, qui devait au départ rester « exceptionnelle ». La plus-value de l’apprentissage, nettement observable pour les étudiants de niveau Bac+2 et moins, l’est beaucoup moins à partir de la licence et du master.

Selon un rapport de juin 2022, « l’effet est faible, voire nul, sur la rapidité d’accès au premier emploi ». Le taux d’emploi trente mois après l’obtention du diplôme n’est, quant à lui, que de 5 points supérieur chez les anciens apprentis de master par rapport à leurs homologues étudiants « classiques » (96% contre 91%).

Par ailleurs, plusieurs études du Céreq montrent que les alternants de master ne sont pas plus souvent embauchés par l’entreprise où ils ont fait leur apprentissage que leurs homologues de la voie classique dans celle où ils ont réalisé leur stage de fin d’études.

Les aides à l’apprentissage sont donc, selon la Cour des comptes, « davantage des aides aux entreprises que des aides à l’insertion professionnelle des jeunes ». Mais les universités et organismes de formation s’appuient bel et bien, et de plus en plus, sur le dispositif pour professionnaliser leurs élèves, et remplir leurs formations à moindre coût en percevant la taxe d’apprentissage.

Une diversification de l’offre d’apprentissage surtout bénéfique à l’image des entreprises

Ainsi, 44 800 étudiants de master étaient en apprentissage en 2022, contre la moitié en 2019, et l’offre disponible sur la plate-forme Mon master montre une diversification progressive des disciplines se lançant dans l’apprentissage. Il est désormais possible de faire des masters en alternance aussi bien en chimie qu’en science politique, droit ou même en sciences humaines et sociales.

Finalement, c’est l’image du monde de l’entreprise auprès des étudiants qui semble le plus bénéficier de ces formations supérieures en alternance : les études du Céreq montrent ainsi que les apprentis diplômés ont plus de chances de se sentir satisfaits de leur emploi en matière de responsabilité et de rémunération, que leurs homologues issus des parcours généralistes.