A qui profite le boom de l’apprentissage ?

Getting your Trinity Audio player ready...

Dans la foulée de la réforme de l’apprentissage lancée par la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018, l’année 2019 a été très favorable à cette voie de formation. Le nombre de contrats d’apprentissage a en effet connu une croissance de 16%. Le gouvernement et les entreprises profitent plus de cet essor et de la réforme que les Régions.

L’essor de l’apprentissage touche tous les secteurs d’activité

Selon les données du ministère du Travail, le nombre de contrats d’apprentissage a dépassé la barre des 350.000 en 2019, en hausse de 16% par rapport à 2018. Ce boom de la formation en alternance concerne l’ensemble des secteurs d’activité, au premier desquels le BTP (+13%) et l’industrie (11%).

Ces chiffres ont évidemment été accueillis favorablement et mis en avant par le gouvernement, en particulier par la ministre du Travail Muriel Pénicaud, qui a porté les mesures en faveur du développement de l’apprentissage depuis son entrée en fonction. L’exécutif espère ainsi faire baisser le taux de chômage des jeunes (15-24 ans), qui reste plus élevé (19,1%) que la moyenne nationale.

Les entreprises au centre du nouveau système de l’apprentissage

L’essor de l’apprentissage réjouit également les entreprises, notamment l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie). « Cette réforme […] a fait sauter les verrous pour dynamiser la filière », a ainsi déclaré son président Philippe Darmayan. Cette fédération professionnelle promet d’atteindre un objectif ambitieux de recrutement de 75.000 alternants d’ici 2023. Le BTP, à travers le secrétaire général du CCCA-BTP, partage cet enthousiasme : « la réforme ouvre grand le champ des perspectives », selon Didier Bouvelle.

Les entreprises sont d’autant plus favorables aux nouvelles mesures qu’elles se trouvent au centre du nouveau système de formation en apprentissage. En effet, elles peuvent dorénavant ouvrir leurs propres CFA (Centres de formation d’apprentis), notamment grâce à la suppression du droit de véto des régions sur leur ouverture. Plusieurs grands groupes ont déjà franchi le pas : Accor, Safran, Sodexo, Schneider Electric, Adecco

De plus, le financement de l’apprentissage a été simplifié, avec la réforme du contrat d’apprentissage et de la collecte de la taxe d’apprentissage, et le passage de 20 Opca à 11 Opco.

Les Régions mécontentes

En revanche, les Régions, déjà hostiles à la réforme, ont accueilli les chiffres du ministère et les déclarations de la ministre avec beaucoup moins d’enthousiasme. L’association d’élus régionaux Régions de France a ainsi fait part de son mécontentement et dénonce les « mensonges » de Muriel Pénicaud : « la ministre du Travail s’approprie encore une fois des résultats obtenus grâce à l’action des régions, qui étaient en charge de cette compétence jusqu’au 31 décembre 2019 ».

Les Régions ont en effet mal vécu le fait d’être dépossédées de la gestion du système d’apprentissage, alors même que cette voie de formation connaît des résultats favorables.